Tant de sang. Tant de morts. Tant de corps déchirés laissés sur place, au grand plaisir des charognards. Tel était la silhouette d’un grand guerrier. Grand, non pas pour la manière dont il a toujours atteint ses buts, mais par le résultat des actions entreprises. La hache ensanglantée solidement ancrée dans sa main ne détruit pas des vies inutilement, la seule chose qui manœuvre le tranchant redoutable de l’arme de ce berserk, humain combattant avec la férocité d’un félin, est la pensée que toute destruction permet la renaissance, et le salut de certains.
Mais ce récit ne parle pas de n’importe quel berserk. Guerrier Angélique. Un nom tiré de sa manière d’être et de combattre, et des éclats de lumières émanant du soleil, reflété sur son armure éclatante au beau milieu de la mêlée. Nul besoin de se cacher, il menait chaque combat par monts et par vaux, à la tête des armées de tous territoires, à condition que le sang vaille la peine de couler, que ce fût pour une cause noble et juste.
Combien de territoires furent ravagés ? En réalité aucun car, après passage de cet homme, la vie renaît de ses cendres. La Tyrie, terre du royaume d’Orr et d’Ascalon, vit la Liche s’effondrer, transpercée de part en part parmi les flammes. En Cantha, le traître s’affaissa aux pieds de l’empereur, descendant de l’homme à qui il avait fait allégeance. Elona se vit sauvée des griffes du tourment éternel, leurs morts en paix. Et enfin, quelques années après destruction du royaume d’Ascalon, les éternels ennemis humains et charrs se sont rassemblés avec les nains, asuras et norn afin de détruire une menace tout droit sortie de la Terre. Et tout cela s’est passé grâce à l’intervention de Guerrier Angélique et de nombre de ses compagnons.
Il n’a jamais combattu seul. Tantôt accompagnés d’amis fidèles très protecteurs, tel Ogden le nain ou Vekk l’asura, tantôt par les membres de sa guilde, groupe rassemblant divers combattants originaires du monde entier avec un but commun.
Cependant, après tant d’actions, que restait-il à faire pour le victorieux de la mort ? Lui qui avait vaincu tout ce qui méritait que l’on se sacrifie pour arrêter. Peu de choses hélas, et ce fût dans un calme bien mérité qu’il se retira dans une petite campagne. Seul ? Non, une femme l’accompagnât, elle avait très souvent combattu à ses côtés, tantôt déchirant le ciel de tempêtes de feu, tantôt découpant la chair tendre de ses ennemis. Le feu et l’acier. Cette même femme qui lui donnât, peu de temps après, deux fils et une fille. L’aîné était dénommé Jérôme et le cadet Grégory, tandis que leur sœur, Pierrette (fallait le caser çui-ci, ‘pis il y a aussi papi Fab et mami Isa).
Le seul dont la trace est encore visible est l’aîné Jérôme, qui disparût malheureusement à la suite d’une bataille opposant les survivants du sommet de pierre et leurs éternels ennemis, les derniers nains qui n’ont pas subit la morsure de la pierre. Dans tous les cœurs il resta, mais personne ne sut jamais ce qu’il advint de son corps. A la frontière de la mort, et sur des territoires grandement hostiles, ce passa un terrible rituel… la légion de fer, clan charr reprit par Pyrr Fiertir et ses amis, afin de sauver le fils du héros et de rembourser leur dette étalée sur plusieurs décennies, enfermèrent l’âme au bord de la perdition du mourant dans une enveloppe charnelle, entre le félin et l’homme. D’après les récits et légendes qui en découlèrent parmi sa nouvelle race, il n’oublia jamais l’héritage que lui laissa son père, un trésor qui est au dessus des limites du corps, qui est attaché à l’âme elle-même.